Brahim Diaz, la belle prise des Lions de l’Atlas - Jeune Afrique.com (2024)

Publié le 15 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

L’opiniâtreté de Walid Regragui, le sélectionneur des Lions de l’Atlas, et de Fouzi Lekjaâ, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), a payé. Brahim Diaz (24 ans) a décidé de porter le maillot de l’équipe nord-africaine. Le joueur du Real Madrid, auteur de 7 buts cette saison avec son club, toutes compétitions confondues, fera donc ses débuts avec le Maroc à l’occasion des deux matchs amicaux face à l’Angola puis à la Mauritanie, respectivement les 22 et 26 mars prochains à Agadir.

Une priorité pour Regragui

Cela faisait plusieurs années que l’instance tentait de convaincre Diaz de jouer pour le royaume. Hervé Renard et Vahid Halilhodzic, les deux prédécesseurs de Regragui, avaient essuyé un refus poli de l’intéressé. Brahim Diaz, né à Malaga en août 1999 d’une mère espagnole et d’un père marocain, avait effectué sa formation dans le club de sa ville natale, avant de la poursuivre à Manchester City.

C’est en Angleterre que le milieu de terrain a fait ses débuts en professionnel en 2016, avant de rejoindre le Real Madrid trois ans plus tard. Le club de la capitale espagnole l’a ensuite prêté trois saisons au Milan AC (2020-2023) avant de le rapatrier l’été dernier. Brahim Diaz, depuis 2016, a porté le maillot espagnol dans différentes catégories de sélections (moins de 17, 19 et 21 ans), avant de connaître sa première coupe en juin 2021 avec la Roja contre la Lituanie (4-0).

Mais il s’agissait d’un match amical, et le règlement de la Fifa autorise, dans ce cas précis, un joueur à changer de nationalité sportive. Brahim Diaz souhaitait ainsi poursuivre sa carrière internationale avec l’Espagne. Mais Luis Enrique ne l’a pas retenu pour participer à la Coupe du monde 2022, et son successeur, Luis de la Fuente, ne l’a jamais convoqué.

«Dès son arrivée à la tête de la sélection en août 2022, Regragui en avait fait une de ses priorités. Il l’a rencontré en Italie, a toujours maintenu le contact avec lui et ses proches, sans doute en lui garantissant un certain statut en sélection», explique le journaliste marocain Nassim El Kerf. «C’est un dossier qui a été piloté par le président de la FRMF, le sélectionneur et Diaz, rien ne filtrait et personne n’était au courant de l’avancée des discussions», confirme, sous couvert d’anonymat, un membre de la FRMF.

Dès le 22 mars

Les deux hommes forts du football marocain se sont beaucoup impliqués dans cette opération de charme, au contraire de la partie espagnole. Luis de la Fuente n’a jamais été totalement convaincu par le profil du joueur, même s’il l’avait présélectionné pour les matchs amicaux contre la Colombie et le Brésil les 22 et 26 mars prochains à Londres et Madrid. Selon le quotidien sportif espagnol As, généralement bien informé, Diaz aurait demandé à la fédération ibère de lui préciser s’il serait bien convoqué pour affronter les deux sélections sud-américaines, ce que l’instance avait refusé.

«Les Marocains ont été très entreprenants pour convaincre Diaz, qui avait entrepris de son côté les démarches administratives pour changer de nationalité sportive, ce qui prend un certain temps», reprend Nassim El Kerf. La Fifa a validé le 13 mars la demande du Madrilène de porter le maillot du pays d’origine de son père, Sufiel Abdelkader, qui est accessoirement son agent.

Au Maroc, la nouvelle a évidemment été très bien perçue, et pas seulement parce que le Real Madrid y compte de nombreux supporters. «C’est un très bon joueur, qui est jeune et va donc pouvoir s’inscrire dans la durée avec les Lions de l’Atlas, avec notamment la perspective de jouer la CAN 2025 ici et la Coupe du monde 2030, organisée conjointement avec l’Espagne et le Portugal«, se félicite l’ancien international et sélectionneur olympique Hassan Benabicha. «Diaz a fait un choix sportif cohérent, car il y a beaucoup plus de concurrence pour jouer avec l’Espagne que pour le Maroc, où il sera un des joueurs clés, et devrait aider les Lions à progresser.»